« Les Sept Jours de Simon Labrosse », de Carole Fréchette (critique de Claire Néel), Présence Pasteur, Avignon Off 2008
Pétillantes errances
Sur l’un des grands plateaux de Présence Pasteur, la Cie Des ils et des elles présente, à ceux que ça intéresse, « les Sept Jours de Simon Labrosse », de Carole Fréchette. Voyage dans un univers poétique, drolatique, inventif, où nous aimons nous égarer et nous retrouver, à travers les vies ordinaires de trois personnages attachants dans leur quête du mieux.
Cette jeune compagnie, dirigée par le metteur en scène et comédien Stéphane Hervé, s’est donnée pour mission d’être « drôlement utile » et propose un théâtre inscrit dans notre quotidien, soucieux de pointer les défauts et impasses (?) de nos vies dans ce monde. Elle se sert du décalage humoristique pour laisser une empreinte dans nos cortex. Y parvient avec fantaisie. On en garde en tout cas une trace bien présente et bien douce.
Elle s’empare ici de l’imaginaire de la Québécoise Carole Fréchette. Simon Labrosse est chômeur et imaginatif, bourré d’idées de jobs inédits et utiles à son prochain. Il peut vivre les émotions fortes et encombrantes à votre place, finir vos phrases en cas de panne, vous flatter si votre ego est en reste, prendre à votre place tout le poids de la misère du monde, qui traîne peut-être quelque part sous votre crâne… Il nous raconte sa vie et ses trouvailles avec Nathalie et Léo. L’une est subjuguée par sa vie intérieure et veut transmettre à chacun la puissance d’une si extraordinaire révélation. L’autre est… poète en mal de joie, dépressif et incapable du moindre oui, totalement étranger aux choses positives.
Stéphane Hervé, dans sa mise en scène, ajoute humblement mais sûrement son inventivité à celle de l’auteur. Juste ce qu’il faut d’éléments de décor multifonctions, des airs d’Higelin ou de Bashung (ou d’autres encore) et des bruitages saugrenus en direct, une proximité spontanée avec le public, et surtout, surtout, des personnages traités dans toute leur humanité, ni trop beaux ni trop laids. Pas de mièvrerie, mais des petits étonnements délicieux qui nous séduisent et nous laissent la distance nécessaire pour mieux les savourer. À nous de penser, ensuite, à ces idées glissées pour résoudre ou simplement considérer nos tourments existentiels, donc sociaux et universels, avec le sourire…
La qualité d’interprétation est alors de mise. C’est le metteur en scène qui joue Léo, le désillusionné, et tous les personnages antipathiques de l’histoire ; il se révolte de « regarder brûler sa vie sans réchauffer personne » et nous amuse incontestablement malgré tout dès sa première entrée en scène. L’étincelante Séverine Porzio nous régale de son énergie malicieuse. Enfin, David Braun, dans le rôle-titre, nous sert un homme « trop » tout, infatigable et parfois fatiguant (je parle du personnage !). Il est remplisseur de vide, appelez-le si ça vous intéresse, il vous le dit, il est mieux qu’une télé : il est vivant ! ¶
Claire Néel
Les Trois Coups
Les Sept Jours de Simon Labrosse, de Carole Fréchette
Compagnie Des ils et des elles • 27, rue de Unna • 91120 Palaiseau
06 62 45 32 43
stephane.herve@theatreoutil.com
Mise en scène : Stéphane Hervé
Assistante à la mise en scène : Amélie Dumetz
Avec : Séverine Porzio, David Braun, Stéphane Hervé
Costumes et décors : Amélie Dumetz
Régie générale son et lumières : Benoît Dallongeville
Présence Pasteur • 13, rue du Pont-Trouca • 84000 Avignon
Réservations : 04 32 74 18 54
Du 10 juillet au 2 août 2008 à 21 h 45, relâches les 21 et 28 juillet
Durée : 1 h 20
12 € | 8 €